Vue de La Quincaillerie - Mai 2020

 

 
 
Vue de "La Quincaillerie", sobriquet attribué à mon ancienne colocation, exprime pas mal de choses pour moi. Une période que le monde entier a connu, à savoir rester enfermé.e.s entre ses quatre murs pendant trois mois pour pallier à ce fléau que tu connais bien. 
 
Nous avions réussi, mes colocataires et moi, à entretenir une relation quotidienne et pourtant très lointaine avec nos voisins de l'immeuble rose d'en face, à travers des coucous, des danses à la fenêtre, agrémentées d'une musique plus ou moins disco et d'une boule à moult facettes. Et puis il y a ces petits vieux, qui sortaient vers dix heures du matin, et qui observaient la rue, tantôt contemplatifs, tantôt agacés par des scènes de rue qu'ils jugeaient certainement "irresponsables". Puis il y avait moi, qui les observait secrètement à travers ma fenêtre, les trouvant adorables et pittoresques.

Par moments, pendant ce confinement, je voulais sortir dans la rue en courant à plein poumon et à grandes enjambées, sans attestation dérogatoire de déplacement mais plutôt avec un fond musical du type I'm so exited de The Pointer Sisters. Ou peut-être même Modern Love de David Bowie, à la manière de Denis Lavant dans Mauvais Sang de Leos Carax. Mais la raison s'est emparée de moi et m'a plutôt foutue sur une chaise devant un format A3 vierge, et m'a suggéré de faire quelque chose de mes dix doigts pour m'occuper l'esprit. Comme illustrer ce que je pouvais bien voir à ma fenêtre par exemple, du haut de ma douce prison. 

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